CHAPITRE VINGT-SIX

Par chance, le cours suivant, c’était l’escrime. Bien sûr, j aurais préféré me trouver avec mes amis à des années-lumière de la Maison de la Nuit, de Neferet et de Kalona. Mais, à défaut, autant se contenter de plaisirs simples, en l’occurrence du fait que Dragon et moi étions convenus que j’étais trop fatiguée pour participer aux exercices.

Pourtant, je me sentais plutôt bien et, quand je sortis mon miroir de poche pour appliquer le gloss, récupéré grâce à Stark, je ne me trouvai pas mal du tout.

Au premier regard, Dragon passait lui aussi pour une des énigmes chères à ma grand-mère. Petit, sympa, on l’aurait sans peine imaginé comme un papa poule qui reste à la maison, prépare des cookies et sait même refaire en urgence l’ourlet de la jupe de sa fille. Bref, il détonnait dans un monde où les vampires mâles combattent et protègent les plus faibles. Cependant, dès qu’il prenait son fleuret, il se métamorphosait en un être féroce, si rapide et puissant que son arme semblait agitée d’une vie propre.

Les novices étaient moins hébétés pendant ce cours que pendant les autres, sans doute parce qu’il s’agissait d’une activité physique. Pour autant, je ne me faisais pas d’illusions. D’ailleurs, personne ne plaisantait ni ne chahutait ; tout le monde était concentré sur sa tâche. Or, chacun sait que maintenir dans le calme un gymnase rempli d’adolescents armés d’objets pointus tient quasiment de la mission impossible.

J’observais un groupe de garçons – qu’en temps normal, Dragon aurait déjà traités d’idiots (ici, les professeurs pouvaient se permettre ce genre de choses, les élèves n’ayant pas la possibilité d’aller pleurer dans les jupes de leur mère) – quand il se planta devant moi. Il me fit un clin d’œil, puis retourna à ses exercices. Presque au même instant, son énorme chat vint s’asseoir à côté de moi et se mit à lécher ses grosses pattes.

— Salut, Gripoil, dis-je en lui gratouillant la tête.

Pour la première fois depuis que le Corbeau Moqueur

avait failli me tuer, je me sentis optimiste.

Le déjeuner fut un moment de tranquillité. Le plateau chargé d’une énorme assiette de spaghettis alla marinara et d’un soda, mes deux péchés mignons, je rejoignis Damien et les Jumelles à notre table.

— Alors, qu’est-ce que vous avez trouvé ? murmurai-je entre deux bouchées.

— Tu as l’air d’aller beaucoup mieux, dit Damien à voix haute et distincte.

Je lui lançai un regard surpris.

— Je vais mieux.

— Je crois que nous devrions revoir la liste de vocabulaire pour le contrôle de littérature de la semaine prochaine, continua-t-il sur le même ton en sortant son sempiternel carnet et un crayon de papier.

Je lui fis les gros yeux : avait-il viré envahisseur, lui aussi ?

— Ce n’est pas parce que les choses changent que nos notes doivent en pâtir, déclara-t-il.

— Damien, tu es une vraie plaie ! soupira Shaunee.

Damien glissa son carnet vers nous pour que nous puissions voir ce qu’il avait écrit sous la liste de mots.

« C. M. à toutes les fenêtres. Leur ouïe est excellente. »

Les filles et moi échangeâmes un coup d’œil.

— OK, fis-je, si tu veux. Mais je suis d’accord avec les Jumelles, tu es vraiment casse-pieds.

— Très bien. Commençons par « loquace ».

— Un personnage de Star Trek, non ? proposa Shaunee.

— Je crois bien oui, répondit Erin.

Damien leur lança un regard dégoûté qui, pour le coup, venait du fond du cœur.

— N’importe quoi ! Voilà ce que ça veut dire.

Il ajouta dans son carnet : « Dragon est de notre côté. »

— Bon, Erin, et si tu tentais ta chance avec le mot suivant : « voluptueux ».

— Oh, moi, je sais ! s’exclama Shaunee en lui arrachant le crayon des doigts.

Elle gribouilla « Moi ! » à côté de « voluptueux », puis, plus bas : « Anastasia aussi. »

— Je prends la main, annonçai-je avant d’écrire : « On doit partir avant l’aube, mais pas avec le Hummer. Je ne pourrai pas le dissimuler. Soyez prudents. N. sait qu’on a l’intention de s’échapper. »

— Tout compte fait, je ne sais pas trop. Tu peux m’aider, Damien ?

— Pas de problème !

« Ils vont tout faire pour nous en empêcher. »

— OK. Attends, je vais continuer. Laisse-moi juste un instant.

Nous mangeâmes en silence pendant que je réfléchissais, non au sens du terme « ubiquité » – que je n’aurais jamais trouvé –, mais à notre fuite.

Neferet savait ce que nous manigancions, elle me l’avait clairement fait comprendre. Elle devait être en train d’écouter notre conversation par l’intermédiaire des Corbeaux Moqueurs, et elle pénétrerait l’esprit de mes amis à la première occasion. Je me félicitai de n’avoir partagé qu’avec Lucie l’info sur le lieu de notre prochaine cachette, l’abbaye des bénédictines. Grâce au message que je lui avais passé et…

— C’est ça ! m’écriai-je.

Ils me dévisagèrent, l’air interrogateur. Je leur souris.

— Je viens de retrouver la définition, et j’ai une super idée pour apprendre plus facilement ! Je vais écrire la signification des mots de la liste sur des morceaux de papier. Je vais vous en donner une à chacun, et vous devrez la retenir. Quand vous la saurez, vous me la rendrez, et je vous en donnerai une autre.

— Tu as perdu la tête ou quoi ? souffla Shaunee.

— Non, s enthousiasma Damien, c’est une bonne idée ! On va bien s amuser.

J’arrachai des pages de carnet et je griffonnai à la hâte : « Rendez-vous à l’écurie. » Puis je les pliai soigneusement.

— Pour l’instant, repensez simplement aux définitions que nous avons vues. Ne lisez celle-ci qu’après la sonnerie du dernier cours. Je ne plaisante pas.

— OK, OK, compris, dit Erin en fourrant son mot dans la poche de son jean.

— Ouais, si ça peut vous faire plaisir, lui fit écho Shaunee. N’empêche que vous vous conduisez tous les deux comme des profs, et ce n’est pas un compliment.

— Surtout, ne trichez pas. Pas avant la sonnerie !

— Ne t’inquiète pas, dit Damien. Quand on le lira, il faudra peut-être qu’on appelle notre élément pour nous aider à nous concentrer, non ?

— Oui ! m’exclamai-je avec un sourire reconnaissant.

— À propos de ça, fit Shaunee en arrachant la feuille sur laquelle nous avions écrit. Je vais aller faire un tour aux toilettes des filles pour étudier au calme avec mon élément.

Elle me fixa longuement, et je compris : elle allait brûler toute trace de notre « subterfuge », un autre mot compliqué dont, cette fois, je connaissais la définition.

Erin se précipita derrière elle.

— Je viens avec toi, Jumelle. Tu pourrais avoir besoin de… euh… de mon aide.

— Au moins, Shaunee ne mettra pas le feu à tout le bâtiment, chuchota Damien.

— Bon sang, je meurs de faim ! déclara Aphrodite d’un air dégagé en se laissant tomber à côté de moi.

Son assiette débordait de spaghettis. Elle était superbe, comme toujours. Seuls ses cheveux étaient un peu ébouriffés.

— Ça va ? demandai-je tout bas.

Je désignai les fenêtres d’un petit coup d’œil. Elle suivit mon regard et hocha la tête.

— Ça va. Darius est vraiment rapide !

J’en déduisis que Darius l’avait portée jusque-là à la vitesse de l’éclair. « Quel dommage qu’il ne puisse pas nous prendre tous dans ses bras et nous emmener loin d’ici ! » songeai-je. Cela dit, en cas d’urgence, il accepterait sans doute de se charger d’un ou deux novices.

— Il y en a partout, poursuivit Aphrodite d’une voix presque inaudible.

— Sur tout le périmètre ? voulut savoir Damien.

— A l’intérieur aussi, mais leur priorité, manifestement, c’est d’empêcher quiconque d’entrer ou de sortir sans leur permission.

— On va s’en passer, de leur permission, chuchotai-je, avant de me tourner vers Damien. Il faut que tu nous laisses pour que je puisse parler à Aphrodite, OK ?

Pendant une seconde, il parut vexé, puis je vis qu’il avait saisi.

— Oui. Alors, à… plus tard ?

— N’oublie pas ta fiche de vocabulaire, OK ?

— OK.

— Quel vocabulaire ? s’étonna Aphrodite quand il fut parti.

— C’est le seul moyen que j’aie trouvé pour leur demander de me rejoindre à l’écurie juste après les cours, sans qu’ils le sachent à l’avance. Comme ça, avec un peu de chance, elle mettra plus de temps à découvrir ce qu’on va faire.

— Et, à ce moment-là, on sera déjà 1… ?

— Chut… ! l’interrompis-je. Je l’espère.

Je me penchai vers elle, me moquant bien que les Corbeaux Moqueurs soupçonnent quelque chose, puisqu’ils ne pouvaient pas entrer dans nos têtes.

— Dès la fin des cours, rejoins-moi à l’écurie avec Darius. Dragon et Anastasia sont avec nous. Si nous ne nous sommes pas trompés, Lenobia aussi.

— Auquel cas, elle pourrait nous aider à passer par le point faible de l’enceinte, derrière l’écurie.

— Exactement. Maintenant, je vais te dire autre chose, et tu ne dois en parler à personne, pas même à Darius. Juré ?

— Oui, oui… Croix de bois, croix de fer, si je mens…

— C’est bon, la coupai-je, ne voulant pas l’entendre prononcer la fin du dicton.

— Alors ?

— On ne retourne pas dans les souterrains. On va à l’abbaye bénédictine.

Elle me transperça d’un regard dont l’intelligence dépassait de loin ce dont la plupart des gens la croyaient capable.

— Tu es sûre que c’est une bonne idée ?

— J’ai confiance en sœur Marie Angela, et j’ai un mauvais pressentiment au sujet des tunnels.

— Ah, merde. Je déteste quand tu dis ça.

— Moi non plus, je n’aime pas ça ! Mais j’ai ressenti là-bas une force sombre, la même qu’ici.

— Neferet.

— J’en ai bien peur. Je pense que l’influence des nonnes la repoussera. Sans compter que, d’après sœur Marie Angela, il y a un lieu de pouvoir à l’abbaye. C’est pour ça qu’elle n’était pas très étonnée lorsqu’elle a découvert que je maîtrisais les éléments. Elle a appelé cet endroit la grotte de Marie.

Plus je parlais, plus je sentais que j’étais sur la bonne piste.

— Nous essaierons d’utiliser ce pouvoir, comme nous l’avons fait près du mur est. A défaut d’autre chose, il m’aidera à nous dissimuler plus longtemps.

— La grotte de Marie ? Ça sonne plus comme le nom d’un trésor sous-marin que celui d’un site à Tulsa. En plus, n’oublie pas que le mur est a servi plein de desseins maléfiques ! Et que fais-tu de Lucie et de ses anomalies de la nature ? Et de tes petits copains ?

— Ils nous attendront là-bas. Enfin, je croise les doigts. Les Corbeaux Moqueurs surveillent la gare. Si Lucie n’arrive pas à les semer, j’ai peur qu’ils ne l’enlèvent.

— Pour avoir passé deux jours là-bas, je peux t’assurer qu’elle a de la ressource, et pas forcément dans le bon sens du terme.

Elle se tut et se tortilla sur son siège.

— Quoi ?

— Tu me promets de me croire ?

— Oui. Vas-y !

— Eh bien, parler de ta meilleure amie la péquenaude et de ses tours de passe-passe m’a rappelé un truc dont je me suis rendu compte après que nous avons… Tu sais quoi.

— Imprimé ? suggérai-je en m’efforçant – sans succès – de ne pas sourire.

— Ce n’est pas drôle ! C’est même très gênant. Bref, tu te souviens quand tu l’interrogeais sur l’étendue des tunnels ?

Je rejouai la scène dans mon esprit, et mon ventre se noua ; Lucie avait paru tellement mal à l’aise quand je l’avais questionnée sur les autres novices rouges !

— Oui, je me souviens, dis-je, me préparant au pire.

— Elle t’a menti.

— A quel sujet, précisément ?

— Alors, tu me crois ?

— Hélas, oui. Tu as imprimé avec elle. D’une certaine manière, tu es plus proche d’elle que n’importe qui d’autre. C’est ce que m’a appris mon Empreinte avec Heath.

— Hé, tout doux ! Je n’ai pas envie de faire des cochonneries avec Lucie !

— Je ne parle pas de ça, imbécile. Il y a différentes sortes d’Empreintes. Si mon lien avec Heath est très physique, c’est parce qu’il m’attire depuis de nombreuses années. Lucie ne t’a jamais attirée, si ?

— Sûrement pas ! répondit Aphrodite sèchement.

— Bon. Vous possédez toutes les deux des pouvoirs parapsychologiques. Quoi de plus logique que votre lien soit mental ?

— Je suis contente que tu saisisses la nuance. J’ai donc su qu’elle te mentait quand elle a prétendu qu’elle nous avait présenté tous les novices rouges. Il y en a d’autres, et elle est en contact avec eux.

— Tu en es absolument certaine ?

— Sûre et certaine.

— Voilà qui pourrait expliquer le malaise qui m’a envahie là-bas.. dis-je, attristée que ma meilleure amie se sente obligée de me mentir. Mais ça devra attendre, je n’ai pas le temps de me prendre la tête avec cette histoire.

— Ça ne m’amuse pas d’être porteuse de mauvaises nouvelles, mais Lucie a plus de secrets que Paris Hilton de sacs à main. Enfin, regardons le bon côté des choses : je parie que toute la bande va réussir à déjouer les plans des hommes-oiseaux.

— Espérons-le, soufflai-je en froissant ma serviette.

— Hé, ne te laisse pas abattre. Oui, Lucie ne te dit pas tout, mais je peux t’assurer qu’elle tient beaucoup à toi. Elle a choisi le bien, même si c’est parfois dur pour elle !

— Je sais. Ce n’est pas comme si je n’avais jamais rien caché à mes amis… Elle doit avoir une bonne raison.

— Donc, ce n’est pas qu’à cause de Lucie que tu tires une tronche de trois kilomètres de long… Oh, je vois. Encore un problème avec un mec. Ou devrais-je dire, encore un problème avec des mecs ?

— Le pluriel s’impose, en effet, marmonnai-je.

— Tu sais qu’entre Erik et moi c’est fini. Tu peux me parler, si tu en as besoin.

Si bizarre que cela puisse paraître, c’était vrai : je pouvais lui parler.

— Je ne suis pas sûre de vouloir rester avec Erik.

Ses yeux s’agrandirent légèrement, mais son ton resta

nonchalant.

— Il te met la pression niveau sexe ?

— Oui. Non. Un peu. Mais ce n’est pas tout. Etait-il parfois possessif et hyper jaloux avec toi ?

Elle retroussa les lèvres en un sourire sarcastique.

— Il a essayé, mais je ne tolère pas ce genre d’attitude. Toi non plus, tu n’as pas à le tolérer, Zœy.

— Je sais, et ce n’est pas le cas. J’en aurai, des problèmes à régler, quand ce bazar sera terminé…

— C’est le moins qu’on puisse dire.

— Bon, concentrons-nous sur l’essentiel. Préviens Darius qu’il doit se préparer au pire ce soir. Kalona ne va pas apprécier notre évasion.

— Non, d’après Darius, Kalona ne va pas apprécier ton évasion. Il en pince vraiment pour toi, ce monstre.

— Oui. J’aimerais bien qu’il passe à autre chose.

— Au fait, tu as réfléchi au premier texte que t’a donné Kramisha avant notre départ ? Celui qui semblait donner une formule pour se débarrasser de lui ?

— Si c’est une formule, je ne l’ai pas encore déchiffrée.

Je ne voulais pas lui avouer que je l’avais plutôt négligée, ne pensant qu’au second poème, et à la possibilité que Stark retrouve son humanité. Et si Stark faisait exprès de détourner mon attention ? S’il jouait un rôle, quand nous n’étions que tous les deux, pour que j’oublie ce qui comptait vraiment, notre évasion ?

— Bon, je vois que tu en as gros sur la patate, conclut Aphrodite. A mon avis, on peut résumer tes problèmes en deux mots.

Je croisai son regard.

— Les garçons, lâchâmes-nous en chœur.

— Si ce n’était que ça, on pourrait s estimer heureuses, soupira-t-elle.

Elle poussa un petit gloussement hystérique, puis retrouva son sérieux.

— J’espère que tu ne penses plus à ce Stark.

Je haussai les épaules et enfournai une quantité gargantuesque de spaghettis.

—          Ecoute, Zœy, je me suis renseignée ! Ce type est franchement glauque. Oublie-le.

Je m’appliquai à mâcher sous son regard inquisiteur.

— Le poème ne parlait peut-être même pas de lui, insista-t-elle.

— Je sais.

— Vraiment… ? Pour l’instant, il faut que tu nous sortes de là et que tu fasses disparaître Kalona, ou du moins que tu le chasses. Ce doit être ta seule priorité. Tu t’inquiéteras de Stark, d’Erik, de Heath et même de Lucie plus tard.

— Oui, je sais.

— Ouais, c’est ça. Je n’ai pas oublié dans quel état tu étais quand Stark est mort ! Mais celui qui se pavane ici en se prenant pour le roi, qui manipule les filles et les largue après les avoir bousillées, corps et âme, n’est pas celui qui t’a tant émue.

— Et si c’était bien lui, au contraire ? S’il avait seulement besoin de se transformer, comme Lucie ? Ah, tu crois ? Eh bien, je peux te promettre que je ne vais pas céder une autre once de mon humanité pour l’aider ! Bon sang, Zœy, reprends-toi ! Même Erik est plus fréquentable que lui ! Tu m’entends ?

— Oui, oui ! Maintenant, j’oublie les mecs.

— J’aime mieux ça. Et ta meilleure amie aussi.

— D’accord.

Nous reprîmes notre repas. J’étais sincère. Je voulais réellement laisser mes problèmes personnels de côté. Du moins, c’est ce que je me disais…

[La Maison de la Nuit 05] Traquée
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